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"Solidarité oblige" — Discours à l'occasion de la signature commune du CPOM de l’APAJH Gironde


Le chansonnier belge Julos Beaucarne dit qu’ « Un poète, c'est quelqu'un qui met de la dorure sur tout, c'est un compagnon du soleil. »


J’aimerais dire aujourd’hui, à l’APAJH et aux 14 autres associations avec qui nous avons signé un CPOM que leur œuvre permet de mettre du soleil dans la vie des personnes en situation de handicap et que, pour cette raison, le Département est heureux de vous compter parmi ses compagnons.


Je tiens à ce « compagnonnage », car il n’y a pas de Grande cause « Handicap » sans compagnons de grand chemin, sans grands acteurs.

Un compagnon ce n’est pas un prestataire : c’est un partenaire avec qui l’on travaille d’égal à égal.


Evidemment je prends à cœur ces mots du communiqué de presse de l’APAJH soulignant qu’« il ne peut y avoir de gestion du handicap sans gestion départementale » ; mais je veux en retour mettre en avant le fait que nos actions sont à la fois indissociables et complémentaires.



Indissociables, notamment parce que nous partageons les mêmes missions et la même attention à l’enfance et la prévention.

Nous finançons par exemple l’APAJH pour ses actions en destination des enfants, dont bon nombre relève de la Protection de l’enfance (jusqu’à 40% dans certaines structures).



Complémentaires, parce que nous avons beaucoup à apprendre de vous. 


Je pense à votre action précurseur pour que les troubles du neuro-développement du spectre autistique soient reconnus. 

Sur ce modèle, nos politiques publiques doivent évoluer : plus nous agirons tôt, moins il y aura de cause de handicap.


Ce qui me permet de dire un mot sur ce que le jargon aborde comme « cas complexes ». 


D’abord, notre propre complexité. Aussi, j’ai proposé au DGARS une convention commune, axe fort du Service Public Départemental de l’Autonomie (SPDA) pour lequel la Gironde a été lauréate.


Ensuite, se soucier de détricoter la complexité des parcours de l’ASE, des adolescents et des personnes âgées en situation de handicap pour en faire valoir, avant tout, l’humanité c’est-à-dire les histoires singulières qui attendent de nous des trésors de coopérations, d'amélioration et des solutions à hauteur des besoins en santé et soin pour que chacun puisse les apprécier.


Pour ce faire, rien de plus pertinent que de partir des besoins de la personne de mobiliser toutes les capabilités dès le plus jeune âge, et tout l’écosystème qui l’entoure et l’accompagne.

Ni intrusive, ni exclusive, c’est une présence inclusive du soin que nous devons apporter dans la vie des personnes accompagnées pour qu’elles s’autodéterminent.



Autrement dit, il faut non seulement ne « rien faire pour eux, sans eux », pour reprendre la devise de l’association Nous aussi, mais plus encore nous interroger sans cesse sur : 

  • à quoi sert, à qui sert l’accompagnement ;

  • et comment l’on fait chemin commun avec les personnes accompagnées.


Cette exigence de sens, nous la devons autant aux personnes accompagnées qu’aux professionnels du soin qui en ont besoin pour ne pas perdre l’humain de vue.



Et je voudrais à cet instant déplorer le fait que l’on ne veuille pas voir que le premier « bénéfice » de toutes les personnes qui travaillent à comprendre, chercher, avancer dans le prendre soin, quelle que soit les causes de fragilités, quel que soit le handicap, c’est de permettre à toute personne, d’avoir les moyens de s’émanciper donc d’être libres, égales et non pas désignée comme « dépendante ».


Les métiers du lien sont donc à honorer, à promouvoir et à valoriser avec un « SEGUR POUR TOUS », pour toutes les valeurs qu’ils mettent au bénéfice de la société : 

  • une haute valeur symbolique : parce qu’ils incarnent la solidarité ; 

  • une haute valeur ajoutée : parce qu’ils concrétisent le développement de la connaissance, de la science et du soin ; 

  • une haute valeur humaniste : parce qu’ils permettent de développer des capabilités et des projets de vie dans une vision de société inclusive et aidante, une communauté de sÅ“urs et de frères.


Nous pouvons diffuser et porter haut ces valeurs grâce l’intelligence sociale et en s’appuyant sur la sensibilité de tous les professionnels de l’APAJH qui travaillent à se former et à accompagner au sein de collectifs différents mais complémentaires.


APAJH et tous les acteurs de Gironde inclusive, ensemble continuons à entretenir cette solidarité vraie depuis et sur le terrain.


Pour aller plus loin en ce sens, le Département devrait peut-être élargir le Printemps de l’Autisme aux Troubles du NeuroDéveloppement (TND) comme vous le faites déjà dans vos actions. 


Aussi, n’oublions pas que trop d’enfants encore sont oubliés. 

Si nous souhaitons que l’innovation sociale devienne un bien commun qui sert à toutes et tous, partout, nous avons une responsabilité commune à nous préoccuper :

  • des familles éloignées de cet accompagnement, du fait de leurs propres difficultés sociales ou qui ne sont pas entendues ;

  • de toutes ces personnes qui n’ont pas pu croiser sur leur route, ou trop tard, un professionnel, une association.


Cette sensibilité aux parcours, aux ruptures, bénéficiera à tous, parce que c’est en apprenant à connaître, à tenter de comprendre tout ce qui tisse le « fil de soi » que nous lutterons contre déterminismes stigmatisants à propos du handicap et de toutes les discriminations. 

Permettre à chacun de creuser un sillon qui lui soit singulier et aménager un rapport à lui-même et à autrui apaisé, selon ses moyens et ses besoins, c’est ça une société inclusive.



J’en terminerai avec ce vieux dicton français que vous connaissez peut-être : « noblesse oblige ». 

  • Il signifiait que la noblesse « s'étend au-delà de simples droits et exige que la personne qui détient un tel statut assume ses responsabilités ». 


Dans la République qui est aujourd’hui la nôtre, dans la Gironde inclusive que nous faisons, je crois que l’on pourrait dire : « solidarité oblige ». 

  • Pour que la citoyenneté soit partagée par toutes et tous, sans distinction, nous devons assumer nos responsabilités sociales ;

  • nous devons être garants, depuis notre place et ensemble, de l’égalité des droits, des vies, de la liberté de chacun sans laquelle il ne peut y avoir d’exercice citoyen ou de fraternité.



En France, c’est le milieu associatif qui s’est souvent mobilisé avant l’institution sur ce point, et le secteur médico-social en est sans doute un des exemples les plus forts.

Vous le savez, je suis attaché à la démocratie participative.

C’est pourquoi je regrette que l’on ne sache pas plus et mieux la considérer hors des institutions, là où elle se fait au sein des familles et des associations loi 1901 grâce à leurs professionnels qui accompagnent et prennent place dans l’espace public, dans l’œuvre collective.


La démocratie du quotidien est là, sous nos yeux, sur le terrain. Regardons-là, célébrons-là, cette participation associative et citoyenne sincère et sensée ! Et surtout, remercions-là.

A chacun d’entre vous, je dis aujourd’hui : merci.

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