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Réactions aux propos de Nicole Belloubet

Pointer du doigt la paille dans l'œil des autres pour ne pas voir la poutre dans le sien : voici la méthode qu'utilise de plus en plus l'Etat et qui me met profondément en colère.


Dernier exemple en date, la protection de l'enfance et les propos de la Ministre de la Justice, Nicole BELLOUBET, suite à la tribune dans le Monde des juges des enfants du Tribunal de Bobigny, qui dénonçaient la dégradation des dispositifs de protection de l’enfance.


"Je ne nie pas la responsabilité de l'État, mais je dis que la mise en œuvre des décisions de nature civile qui concernent les enfants, cela appartient aux Départements." Certes, Madame la Ministre, vous avez juridiquement raison. Mais puisque vous renvoyez les Départements à la paille de leurs responsabilités, regardons la poutre des vôtres.

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En Gironde, certains des enfants qui nous sont confiés par la justice relèvent d'une prise en charge psychiatrique ou de soins en santé mentale, et devraient être accueillis dans des établissements adaptés. Or, c'est bien là une compétence de l'Etat. Faute de places dans vos établissements, nous sommes contraints d'accueillir ces enfants dans des structures qui ne sont pas outillées pour ce type d'accompagnement.


3 conséquences : - les enfants concernés ne bénéficient pas de la prise en charge dont ils ont besoin, ce qui est terrible pour eux ; - nous mettons en grande difficulté les autres enfants qui sont accueillis avec eux et les personnels qui les accompagnent ; - coût pour le Département : 15 millions d'€ / an, évidemment non remboursés par l'Etat.


Ce n'est pas faute de l'avoir écrit à la Ministre de la Santé et de l'avoir signalé à l'ARS, d'avoir proposé des solutions type familles thérapeutiques, d'avoir même signé une convention avec elle. En 3 ans, pas une avancée sur le sujet.


Quant aux mineurs non accompagnés, nous avons pour charge de les mettre à l'abri le temps de l'évaluation de leur minorité ou majorité, pour le compte de l'Etat. Durée classique d'une évaluation : 2 mois. Remboursement de la mise à l'abri par l'Etat : 25 jours, avec un financement dégressif bien loin de couvrir nos frais !


Depuis des mois, l'Assemblée des Départements de France tente d'obtenir réparation auprès de l'Etat concernant ce différentiel important. Les promesses se succèdent, mais n'ont à ce jour toujours pas abouti.


En attendant, la protection de l’enfance en Gironde, ce sont 4.600 enfants confiés, 900 places nouvelles créées en 3 ans, et 223 millions d’€ de budget prévus en 2019. Nous assumons nos responsabilités, face à des flux qui ne cessent de croître.


La Seine-Saint-Denis a déjà réagi à vos propos, mais tous les Départements sont concernés : Madame la Ministre, je vous apporte ici ma contribution, et me tiens à votre disposition pour approfondir ces premiers éléments, qui vous démontreront que notre paille départementale est bien légère face à la poutre de l'Etat.

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